19 décembre 2010

Communiante dans un intérieur breton avec ses parents, Jules Benoit-Levy

Attention, petits enfants ou grands naïfs, quittez cette page immédiatement sous peine d'être confronté à des opinions extrêmement violentes, intolérantes et extrémistes.
Si vous restez, accrochez vous. Prêts ? Bon, vous l'aurez voulu... Très bien, allons y :

Je suis catholique et je ne m'en excuse pas.

Maintenant que les personnes sensibles ont quitté la salle et que nous sommes entre gens provocateurs, nous allons pouvoir développer un peu le sujet.
Sachez d'abord qu'il y eu une époque ou je ne déclarais pas les choses aussi franchement. Aînée de cinq enfants, j'ai été plongée dans mon enfance dans le grand bain de l'Église Romaine, sans avoir toujours, je l'avoue, mon mot à dire. J'ai été baptisée bébé, j'ai fait ma communion, ma profession de foi (en essayant de protester mais je l'ai faite quand même) puis ma confirmation de plein gré cette fois. J'ai été à la messe tous les dimanches, j'ai été enfant de chœur, j'ai lu les Épitres pendant l'office.

Un vrai cliché, le look en moins (c'était plus Claude du Club des Cinq que Marie Cécile du Plessis-Hautebourg). À l'adolescence, je me suis bruyamment détournée de la vie paroissiale, c'était tellement ringard d'être chrétien. Au collège Sainte Magaly, tout le monde se revendiquant athée, j'ai été athée, comme tout le monde. Plus tard, j'ai cessé d'être bête et je me suis simplement posée la question de la Foi : la réponse était tellement évidente et les mots me manquent pour décrire ce qui s'est passé à ce moment là. Je croyais, c'est tout.
J'ai occupé les années suivantes à renouer avec ma foi d'enfance, à l'explorer timidement, à définir ce que je suis, à faire des rencontres qui ont jeté un nouvel éclairage sur tout ça.

Un jour, un godelureau quelconque déniché sur Adopteunmec s'est permis de railler très vulgairement mes opinions religieuses. J'ai alors ressenti une colère inimaginable. Pour lui, je manquais d'humour, logique pour une instit catho. De même, pour peu que j'ai le malheur de me dire croyante, je me vois souvent rétorquer des redites sur l'extrême droite, les milieux friqués, la pédophilie, l'Inquisition et tout le folklore. En général, les personnes en question s'attendent à ce que je me justifie publiquement, comme si le fait d'être baptisée faisait de moi une muette approbatrice de ces horreurs. Là encore, la bêtise infinie de certains de mes contemporains me met en rage. C'est aussi par ces ulcérations de mon égo que je me suis rendue compte à quel point mon appartenance religieuse était structurante. C'est un peu de mon histoire et un peu de ma personnalité, beaucoup de moi-même.

Là ou beaucoup d'athées ou de laïcards bon teint voient dans ma pratique un carcan, je vois une ouverture, là ou l'on soupçonne l'intolérance, je n'y trouve que de la fraternité, Celui qui, d'après certains, m'aveugle, m'ouvre les yeux en réalité. La Foi est une clef supplémentaire pour comprendre le monde, ce n'est pas la seule, ce n'est pas la meilleure, mais c'est une richesse, une carte de plus dans mon jeu. Je ne me sens pas supérieure à qui que ce soit. Chanceuse simplement et proche dans l'Esprit de tout les autres croyants quelque soit leur religion.
On protestera sûrement que je me vautre dans l'angélisme, je répondrais, que oui, j'en connais des vieilles bigotes, des extrémistes, des fachos, des abrutis. Qu'au sein des religions, il y a le pire et le meilleur et que même les gentils bouddhistes ont leurs zones d'ombre. Des connards, il y en a aussi à la LCR, comme partout ailleurs.

Une religion est une culture, croire est une liberté. Aussi quand je vois l'hypocrisie des médias et la honte de certains catholiques dans notre pays (relativement) libre, je ne peux m'empêcher de ressentir une vraie tristesse et une grande colère. Parce que pendant que tout le monde fait l'autruche en terre jacobine ou dégueule sa bile sur tout ce qui porte une croix, je vous signale juste comme ça que des dizaines de chrétiens sont morts pour être allé à la messe à Bagdad, que d'autres sont persécutés là-bas ou ailleurs, que des religieux ou des croyants se bougent pour sauver des vies à Haïti ou dans les rues de Paris.
Ici, on préfère fêter un Noël laïc avec un Père Noël capitaliste et oublier les origines de la fête des Lumières, c'est vrai quoi, évoquer simplement la Vierge ou Jésus, c'est trop trash sûrement.

Morale : Seigneur, conforte les braves, console les faibles, relève les pleutres, envoie nous du cran et délivre nous de la trouille. Amen.

2 commentaires:

  1. Je ne suis pas aussi pratiquante que toi, mais en prenant de l'âge, j'aimerai bien aller à la messe de manière régulière. Sauf que ma paroisse à moi est trop de droite pour moi.
    Sur le reste j'adore ton article et je suis d'accord avec tout ce que tu dis.
    Je n'ai pas honte d'être catholique par contre, c'est peut être ce qui ressort de mon article, mais pas du tout. J'ai du mal à parler de foi... Bon en fait j'ai un article en préparation là dessus depuis des mois, il faudrait que moi aussi je donne dans mon côté trash. Mais j'ai peur de faire revendicatrice à 2 balles... ce que ne fait pas du tout ton article, alors bravo !

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ton commentaire ! Évidemment, j'étais loin de juger ta position mais tes mots m'ont évoqué beaucoup de gens, de jeunes qui se montrent très discrets de peur d'être jugés ou qui ont réellement honte. Aujourd'hui je ne suis plus messalisante, pour les mêmes raisons que toi mais j'aime aller à la messe de temps en temps, à des moments choisis.
    En fait ma position n'est pas simple, j'en parlerai plus longuement un jour. Franchement, n'hésite pas à publier ton article ! Le mien est bien light mais c'est un sujet tellement glissant que l'on a vite l'impression de déraper.

    RépondreSupprimer