Pitié pour Lisbeth.

Il y a une éternité, j'ai écris ça.
Voici ce que j'ai vu cet après midi.

Je suis écœurée, dégoutée que l'on trahisse autant dans l'esprit un roman que j'aime beaucoup. Décidément, il faut vendre. Tout vendre. Donc il faut lisser, édulcorer, faire d'une guerrière punk une pouffiasse en tutu, transformer une femme libre dans sa sexualité en petite hétéro romantique. Ah, non, pardon, Lisbeth est topless sur l'affiche, c'est bien une femme libre. Et puis quitte à lui percer les seins, autant les montrer.  Scènes salaces en perspective, ça fera baver les beaufs. Et puis faut pas trop les perturber, ces braves petits lapins. Exit la méchante Salander et ses coups de latte, bonjour Lisbeth la simplette. Lisbeth qui se déhanche, qui montre son cul, qui se trémousse dans les pages modes, qui s'exhibe, en quête de l'approbation du mâle tout puissant.
Voilà, les choses sont en ordre et les femmes à leur place : aux pieds du mâââââle.

Salander valorisait la force, l'intelligence, le courage, l'autonomie. Salander, c'est une femme avec ses failles, instable, et qui s'autorise à l'être. Elle s'en fout d'être parfaite, elle n'a besoin de l’approbation de personne. Elle est victime mais ne se victimise jamais. Au besoin, elle fout des baffes. Elle s'en sort seule, gagne son fric, voyage et s'achète des seins si elle en a envie. Salander est une icône punk et féministe, le modèle féminin imparfait mais libérateur qui manque tant au monde du cinéma.
Et notre Lili, fifille de papa Fincher ? Ce n'est jamais qu'une goth Pimkie, sexuelle et soumise. Comme d'hab quoi. Vous trouvez que j'exagère ? Non.

"Lisbeth Salander, mangeant ses Happy Meal et jouant avec ses gadgets dernier cri, est toujours cette petite fille aux allumettes. Mikael Blomkvist reste cette figure paternelle stoïque et inébranlable, seul homme à pouvoir approcher le corps fluet de l'héroïne." Ici.

Noomie Rapace, on ne t'oubliera jamais.

PS : D'ailleurs, The Cherry Blossom Girl n'a pas choisi Lisbeth comme muse-es-soutif. C'est curieux.