1 février 2011

Voyage autour du Monde comme si...

Actuellement, je lis "Un Monde comme si" de Françoise Morvan, qui analyse avec précision (et parti pris) la pseudo culture bretonne qu'on essaie de nous fourguer à longueur de temps.

La pseudo culture bretonne, c'est quoi ? C'est la marque Bretagne, Nolwenn Leroy, le Festival Interceltique (ce vaste fourre tout), la celtitude, la "Bretagne, Terre de Légende" (ou de Mystère, ou de Tradition, au choix), les bigoudènes, la Breizh Touch'. C'est tout ce qui sent plus ou moins le tourisme et ce qui parfois passe pour du vrai : exemple le Breton bricolé de Roparz Hemon (ou KLT : Kerne-Leon-Treger), le Gwen ha Du, le panneau Saozon Sevigneg à Cesson Sévigné (près de Rennes) ou l'on a jamais, mais jamais parlé breton.

La vraie culture, c'est quoi ? C'est le breton et le gallo, c'est les talus dans les campagnes, l'accent du pays et le français local, les vieilles chapelles. C'est faire des crêpes une fois par mois et pas une fois par ans, aller au fest noz comme en boîte et prendre ses RTT les jours de grande marée pour ne pas rater la pêche.
Ce que j'appelle improprement la vraie culture est une culture vécue naturellement dans le quotidien, issue ou non de la tradition et par certains aspects spécifique à une société précise. C'est un mode de vie, des attitudes sans logo Breton-Pur-Sel apposé dessus. 

Il le fallait.

La pseudo culture est vendue comme étant authentique aux touristes et présentée comme historique aux bretons de souche. Si cette gigantesque arnaque n'était qu'une extension commerciale de la culture traditionnelle, passe encore. Mais non en fait. Sachez que tout ça c'est du vent. C'est une relecture, ré-écriture, re-création voire une invention complète, souvent au mépris de ce qui existait réellement.

J'évoquerai demain un exemple qui m'est cher : le breton.

6 commentaires:

  1. Ar 4 a viz c'hwevrer: gortoz a ran.

    Au fait, pour nos amis francophones, parler de "breton bricolé" à propos de Roparzh Hémon n'est pas très sérieux. Bien sûr, le travail de Roparzh Hémon n'est pas parfait, mais le breton unifié à toujours existé, tant que les Bretons pouvaient lire et écrire dans leur langue. Sinon, comment aurait-on acheté et lu des chansons à Quimperlé sur feuilles volantes imprimées à Morlaix?

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  2. Conomore : n'em eus ket kalz amzer... Warc'hoazh ? Met n'eo ket sur !
    Bienvenue en tout cas et merci pour votre commentaire.

    En matière d'écrit, je ne vais pas m'aventurer sur le sujet même si je pense que les différences dialectales n'étaient pas importantes au point de ne pas se comprendre (à la limite, le frein majeur aurait été les lacunes en lecture). En terme d'oral, les vannetais et le reste des bretonnants(on sait que le breton vannetais est vraiment particulier notamment sur le plan phonétique)se comprenaient assez bien. Il n'y avait pas de soucis de compréhension majeur entre le Trégor, la Cornouaille et le Léon.
    Donc on avait pas franchement besoin de super Roparzh (et d'une clique de fanatique) pour mettre de l'ordre. Rêvons un peu : on aurait pu construire le bilingue de façon à enseigner la langue du secteur tout en connaissant plus ou moins les particularités de chacun. Il existe bien plusieurs anglais après tout !

    Ce que je reproche avant tout au travail d'Hémon (et pas seulement à lui d'ailleurs), ce sont les bases idéologiques. Son travail reste pour une grande part intéressant et sa culture sur le sujet devait être considérable. Mais pour moi, imposer le KLT ou le KLTG reste une forme d'imposture, quand bien même ses sources en serait authentiques.

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  3. Quelle idéologie justement?

    En fait, il semble que les militants bretons de l'entre-deux guerre se soient retrouvésdans une sorte de no man's land idéologique, propice à toutes les tentations et les dérives que l'on connaît. Serge Plenier a bien expliqué, quoique trop brièvement, ce mécanisme dans "La langue bretonne des origines à nos jours".
    Curieusement, je pense surtout que Roparzh Hémon, agrégé d'anglais (ne l'oublions pas et donc modelé par l'université française) a surtout copié le modèle français d'unification de la langue.
    Cela dit, si son travail s'est fait sur des sources authentiques, cela seul importe et je ne vois pas où serait l'imposture.

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  4. Evidemment, il n'est pas facile de se mettre dans leur situation. Qu'aurait-on fait à leur place ? Pas sûr que nous aurions tous choisi la résistance, c'est entendu. Ceci étant, ils (Roparzh et consorts)ont tout de même marché un peu bêtement dans les pas de l'occupant, d'une part avec une collaboration active, d'autre part, en produisant des textes avec de fort relents racistes, eugénistes et pro-aryens (dont certains sont présenté aujourd'hui comme "apolitiques", laissez moi rire). Rien ne les excuse, pas même une incertitude politique et un engagement militant.
    Ce qui me dérange, c'est moins la démarche d'unification en elle même que de présenter une langue unifiée comme la seule langue correcte, transmissible et littéraire : c'est de la malhonnêteté intellectuelle.
    Un exemple : une collègue enseignante a été allumée en formation pour avoir employé le subjonctif trégorois à la place de la forme unifiée. Elle est bretonnante de naissance, née à Langoat. Premièrement, son breton est parfaitement correct (au niveau grammatical et historique), deuxièmement, pourquoi imposer un seul usage quand même des méthodes comme Oulpan en relèvent plusieurs ? Personnellement, j'y vois un dogmatisme aberrant, hérité d'une culture bretonnante d'élite promue par une intelligentsia auto proclamée.

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  5. Concernant la période de l'occupation, il y aurait sans doute beaucoup à dire et cela nous mènerait bien loin. De plus, a sein même du mouvement breton, les positions étaient multiples. Roparzh Hémon n'est pas Célestin Laîné. J'ajouterais que les écrits des militants bretons restent dans la moyenne de la production textuelle française (articles, livres...) de l'époque, et si l'on compare les programmes de Radio-Rennes à ceux de Radio-Paris pendant cette période, la comparaison est plutôt à l'honneur de Radio Rennes. Du reste, Leo Weisgerber, qui chapeautait Hémon n'était pas vraiment un nazi. Sa biographie en allemand sur Wikipedia est très éclairante à ce sujet et aujourd'hui encore des linguistes de tous pays (y compris en France) lui rendent hommage pour son œuvre et ses qualités humaines.
    Pour l'exemple que vous citez, je ne peux que donner a priori raison à l'enseignante. Cela dit une langue littéraire bretonne plus ou moins unifiée a toujours existé. Il faut simplement tenir les deux bouts de la chaîne.

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  6. Juste une petite remarque supplémentaire:
    Ce qui menace les richesses dialectales du breton n'est peut être pas tant le sectarisme imbécile de quelques uns.
    Je m'explique: vivant à Paris, je suis amené à côtoyer dans le milieu breton (le ghetto breton?) des bretonnants d'origines diverses. Un certain "écrasement" des différences dialectales est inéluctable dans ce contexte. Le sectarisme et le souci d'une langue unifiée n'a rien à y voir.
    Le problème se pose également en ce qui concerne les média bretonnants et, de façon plus discrète, mais bien réelle dans nombre de manifestations quelle que soit leur envergure. Jadis, les bretonnants quittaient rarement leur aire dialectale, aujourd'hui, un Cornouaillais en une heure de trajet peut se retrouver en Trégor, en Léon ou en Vannetais.
    On ne peut limiter les problèmes du breton, langue toujours en évolution (ce qui est plutôt un signe de vitalité) aux parti pris idéologiques de quelques uns, quelle que soit l'influence de ces quelques uns.

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