12 janvier 2011

G. ou Cent ans de solitude

Un élément salvateur pour la néo-beauf en quête de rédemption culturelle que j'étais fut l'émergence d'un projet professionnel. Se donner une ligne à suivre, puis un objectif de réussite conditionna la remise en état de mon cerveau. Je parvins à entrer dans une formation, à G., j'y préparais le CRPE, puis devins professeur stagiaire l'année suivante.
Le concours de professeur des écoles a ceci de particulier qu'il nécessite à la fois bachotage et astuce. Le premier aspect du problème est à la portée de tous, le second demande un peu d'organisation mentale : l'épreuve de maths par exemple, en dépit des énoncés tordus était assez simple à réussir, à condition d'avoir une stratégie (privilégier la géométrie ou l'algèbre en fonction de ses capacités) et un bon timing (neuf minute par point, au delà, pas la peine d'insister). Mettre en place les dites stratégies et accroître ma rapidité m'a fait l'effet d'une musculation cérébrale assez efficace, et ceci, toutes matières confondues, les exigences étant à peu de choses près les mêmes. Ceci étant, en dépit de l'excellence de ces entraînements pour le tonus intellectuel, je ne retrouvais pas cette année-là ce qui m'exaltait à l'université : la connaissance pour elle même, le jeu du langage, les démonstrations virtuoses des maîtres de conf'.
Je compris rapidement qu'à ce niveau là, j'étais seule à entretenir la flamme vacillante de la culture universitaire, à mon niveau et avec mes petits moyens. Un espoir me tenaillait : reprendre un jour le cours de mes chères études.

Au bout de deux ans, j'obtins mon diplôme et je quittais G. avec soulagement. Depuis, mon poste actuel ressemblant fort à une ascension de l'Everest à cloche-pied et en tongs, me jeter à corps perdu dans la culture est une question de santé mentale.




En vrac, quelques résolutions :
  • Profiter du bus pour lire. Mes préférences vont aux essais littéraires, à la poésie ancienne ou contemporaine, aux romans de qualités.
  • M'amuser à cibler mes lectures : d'où un intérêt nouvellement porté aux défis lectures et un projet de master en train de naître.
  • Aller au cinéma régulièrement, me faire plaisir avec des films de qualité (facile, j'ai horreur des américonneries).
  • Être curieuse, voir des expos, aller au musée, écouter des conférences.
  • Parler, parler, parler. M'intéresser aux autres (inépuisables sources de perplexité)
  • Dessiner, jouer de la musique. Expérimenter l'art ou le graphisme avec mes élèves.
  • Ne pas m'imposer des sujets qui me barbent.
Et pour finir...
Écrire. C'est dans un but égoïste que j'ai ouvert cet espace. Avant tout, il s'agit de m'entraîner purement et simplement à rédiger. C'est une habitude qu'on perd trop vite, une fois évaporé le costume d'élève, que de manier la grammaire et de jongler avec la syntaxe. Avoir un public est une contrainte supplémentaire et astreint à une certaine exigence, à une tenue, à un respect que l'on n'a pas forcément si l'on se cantonne à l'écrit intime.

Mon erreur à l'époque ou j'étais aspirante instit' fut de m'imaginer qu'on pouvait se cultiver seule. Faux, comme me le montre sans arrêt cet espace, comme je le constate tous les jours avec mes amies, mes collègues, la culture se recrée sans cesse dans l'échange avec les autres. Une érudition ("poussière tombant d'un livre dans un crâne vide" selon Bierce) qui se veut purement introspective n'est qu'une culture morte, une coquetterie morbide.
C'est pourquoi je tiens à vous remercier, vous qui me lisez en silence car "on s'élève aussi par la conscience du regard des autres".
(C'est beau. Snif.)

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